Château de Montaner

Vers 930-940 un cadet du comte de Bigorre se taille dans ce comté, la vicomté de Montaner. Il est à l'origine de la famille seigneuriale des Odon, qui dirige ce fief jusqu'à la fin du XIe siècle.

Cette petite marche militaire interposée entre Béarn, Bigorre et Armagnac devient quasi indépendante et semble alors fortifiée par un ensemble de mottes, l'une d'elles ayant probablement constitué le premier château (mentionné explicitement dès 1009) que les vicomtes de Montaner se sont fait bâtir au sommet de la colline. A cette forteresse, constituée d'ouvrages en terre, de fossés et de palissades, s'agglomère probablement un premier noyau informel d'implantation urbaine.

La vicomté de Béarn absorbe, par mariage, celle de Montaner vers 1085. A partir du XIIIe siècle l'histoire du site est mieux connue. La fondation en 1281, par Gaston VII Moncade, d'une «villeneuve» avec charte de fondation marque l'acte de naissance d'un véritable village. Dès cette époque le château comportait sans doute des structures en pierre, comme à Bellocq ou Orthez, renforcées, comme pour le bourg, de fossés et palissades indiqués dans cette charte de franchise.

Gaston VII accordait déjà une grande importance à cette place. Son successeur, Gaston Fébus, veut en faire le pivot central d'un grand royaume pyrénéen s'étendant du Béarn au comté de Foix. Il fait donc bâtir par l'architecte Sicard de Lordat, de 1374 à sa mort (1391), un puissant palais : une forteresse ceint de fossés et prévue pour un rôle autant politique que stratégique. Ces travaux considérables entraînent la destruction de l'ancien château et le remodelage du bourg, doté d'une enceinte de 180m de long et 70m de large. Le rêve de Fébus s'éteint avec lui et le rôle central de Montaner disparaît, même s'il garde une certaine importance durant les Guerres de Religion. Sa prise et son incendie en 1621 par les catholiques précipitent son déclin et entraînent la disparition irrémédiable du village. Vendu en 1804 à un marchand de matériaux, il est gravement mutilé. Son classement en 1840 puis son rachat en 1854 par le département stoppe le désastre et d'importants travaux de restaurations sont progressivement réalisés depuis lors.

 

Architecturalement, Montaner, bien qu'inachevé, est le plus abouti des divers châteaux Fébusiens. Sa tour maîtresse, la plus haute de sud-ouest, incarne la souveraineté du comte. A l'intérieur de l?enceinte polygonale s'organisait un luxueux palais dont la distribution s'inspirait de ceux des rois de Majorque (Perpignan, Palma de Majorque) avec cuisine sous toiture pyramidale, grande salle de 30m sur 13m, chapelle, chambre du comte, galerie de circulation sur deux niveaux superposés et escalier monumental. De tout cet ensemble ne subsistent que les bases des murs.

Un fossé, large et profond côté sud, partiellement revêtu d'une escarpe et d'une contrescarpe maçonnées, entoure l'édifice. Il est lui-même bordé d'un chemin couvert, d'un avant-chemin couvert, de lices et de talus autrefois surmontés de palissades. Les abords de la forteresse étaient protégés, au nord, par des talus également palissadés, au sud par une barbacane ou basse-cour ceinte d'un mur et séparée du village par un fossé.

Le village, réorganisé par Fébus au sud du château, occupe, de part et d'autre de la rue centrale menant au palais, une surface rectangulaire soigneusement nivelée que le comte avait doté d'une enceinte de pierres et briques. De puissants talus bordés de lices jadis palissadées protégeaient l'agglomération. Un fossé et une défense avancée talutée renforçaient le côté sud plus vulnérable qui abritait l'entrée de la «villeneuve».

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Adichats

Maison Labat
7 Rue Eugène Faivre
33730 Villandraut

Localisation : 64460 Montaner / Nouvelle-Aquitaine / France